CHAGALL ET PARIS ET COMMENCONS L'ANNÉE AVEC LOREN ET AU CINÉMA, LE MANS 66, UNE HISTOIRE D'HOMMES.

Paris.

Chacun dans son coin, nous nous sommes dirigés vers Paris, non pas pour avoir une carrière, car à ce moment-là il y avait peu de chance que nous y parvenions, mais afin de pouvoir nous exprimer librement et totalement et par dessus tout, pour trouver des outils artistiques afin d’extérioriser nos sentiments.

Je ne sais pas vraiment comment l’expliquer mais au fil des deux siècles précédents, Paris a été le seul endroit où l’on pouvait véritablement évaluer les vertus et les faiblesses d’une image.

J’ai quitté ma terre natale en 1910. A cette époque, j’ai décidé que j’avais besoin de Paris.

J’y suis allé car je cherchais sa lumière, sa liberté, sa culture et l’opportunité d’y perfectionner mon art. Paris a illuminé mon monde de ténèbres comme le soleil lui-même l’aurait fait.

J’ai passé mes jours à vagabonder Place de la Concorde ou près des jardins du Luxembourg.

J’ai contemplé Danton et Watteau, j’ai arraché quelques feuilles.

Oh, si seulement je pouvais parvenir, chevauchant l’une des gargouilles de Notre-Dame comme s’il s’agissait d’un cheval, à tracer un chemin à travers cieux à la force de mes bras et mes jambes.

Te voilà, Paris. Tu es mon second Vitebsk [ville natale du peintre].

Marc Chagall

J’ai l’impression de vivre ces derniers temps dans un tribunal populaire où l’excommunication virtuelle a remplacé le coup de pied aux fesses de ma grand-mère. La France est lasse d’entendre les experts pérorer à l’antenne et les citoyens chouiner en écho, chacun étant le flagellant de l’autre. Un peu de pitié pour nos oreilles et nos âmes en ce premier jour de l’année.

LE MANS 66

Le film s’avère très juste lorsqu’il montre les oppositions sociales entre ces deux hommes fidèles, fiables et pétris de classe face aux dirigeants arrogants et perfides de la Ford dont l’intérêt majeur est l’argent. Pour Ken Miles, la plus belle récompense sera le coup de chapeau discret, élégant que lui donne Enzo Ferrari au Mans.
La classe!


Le Mans 66 est servi par des acteurs exceptionnels et une mise en image au cordeau, filmant la course automobile comme une aventure humaine, organique, mythique, une histoire de légende sur fond de grands ciels bleus couchants.
La mise en scène de la course filmée avec une maestria égale à celles filmées par Howard Hawks dans La foule hurle (1932), Ligne rouge 7000 (1965), par Lee H. Katzin dans Le Mans (1971) alterne séquences de vitesse pure et scènes révélant l’intériorité humaine – désirs, volonté, ambitions, souffrances, douleurs – montrés par des plans successifs dans l’habitacle de la machine: la carrosserie qui vibre, un visage embué par la sueur, des yeux au regard perçants, un corps entier animé par la volonté et le désir de gagner, une aiguille rouge montrant que le moteur surchauffe, que les freins peuvent lâcher sans prévenir…
Puissant, passionnant et tragique Le Mans 66 est une poignante et véritable histoire d’hommes. L’un des plus beaux films de l’année, assurément!

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