CONFINEMENT par TH. MORALES et C'EST DECIDÉ, JE CONFINE MA TÉLÉ par FR. TAURIAC

En plein confinement berrichon, j’ai craqué en commandant un livre en ligne !


Depuis bientôt quatre semaines, j’ai été un citoyen exemplaire. Ah la République peut être fière de ses confinés, combattants en charentaises et tee-shirts Mickey XXL, télétravailleurs de l’impossible, patriotes à l’heure des applaudissements entre la gamelle de pistaches et l’émission de Pascal Praud. Guerriers pacifistes armés, au mieux, d’une cannette de bière française à la main. Barricadés en survêtement et virologues par contumace qui ne quittent plus leur poste d’observation : les chaînes d’info en continu. Ce printemps, La Marseillaise aura un goût de chips au barbecue et de 7ème Compagnie. Les reclus du canapé ne pourront plus jamais subir les sarcasmes des agitateurs. De tous ces joggers moralistes qui couraient jadis sur les quais en exhibant leurs corps affûtés. Des inconscients à enfermer, ils nous donnaient mauvaise conscience. Hidalgo a tranché. La circulation alternée, c’est son dada ! Elle a la fluidité en horreur. Quel échec aussi pour tous ces militants énervés qui arpentent depuis si longtemps la Sainte-Trinité « Bastille-République-Nation » sans avoir réussi à sauver les services publics des contraintes budgétaires. Le pays est bloqué, complètement à l’arrêt, PIB en berne, intermittents au bord du suicide, hôpital sous perfusion, et le peuple a choisi la révolution en glandant ! Nous sommes d’admirables résilients couchés. Cruelle leçon pour tous les pétitionnaires du pavé qui devront repenser leur mode d’action, dans le monde d’après. 

Depuis quatre semaines, je n’ai donc pas bougé une oreille. Par respect et pudeur pour les habitants de mon village, je n’ai pas enfilé un short, ni chaussé des baskets. Je sais bien que si le ridicule ne tue pas dans les ministères, à la campagne, le jet de pierres reste un sport encore assez pratiqué. Les vieux pétanqueurs visent juste. Ils ont l’entraînement. Devant mon téléviseur, je pestais contre ceux qui continuent à commander des sushis en pleine crise sanitaire et font courir un risque majeur à tous ces livreurs, ces nouveaux esclaves en sac à dos, derniers éclaireurs à bicyclette dans la ville endormie. Pour quelques euros, ces gamins sont les sacrifiés de notre société de consommation. Ils payent « cash » notre confort alimentaire. 

 EN A SOUPÉ DES REDRESSEURS DE TORTS CATHODIQUES ET DES CONSULTANTS MÉDICAUX

Je n’ai plus envie de regarder la télévision. Plus envie de mater les cartes de France qui rougissent de honte face à l’épidémie galopante. Celles du monde qui se noircissent comme une avancée de Panzers face à la cavalerie polonaise voulant défendre  3,9 milliards de pauvres humains confinés. Plus besoin de regarder ces commentateurs, ces supposés sachants qui tournent en rond à répéter éternellement d’un ton docte les mêmes fadaises. Des perroquets bégayeurs, clabaudeurs, pérorants qui picorent en rond la moindre rumeur, comme des poulets caquetants. Confondant information et commentaire. Peur et danger. Épidémie et diablerie. 


Ras-le-bol de Cymes et de Ducardonnet!

Je ne supporte plus ces «médecins de plateaux » qui ont troqué leurs stéthoscopes contre le fond de teint que leur apposent les maquilleuses avant chaque passage télé. Abonnés gratuits au décryptage. Décodeurs de pacotille. 
Ras-le-bol des Cymes et des Ducardonnet, tous ces docteurs « ès » info et leur clique donneuse de leçons. De leur « devoir d’informer » qui leur font préférer les unes de Paris Match à la file des brancards qui s’accumulent aux urgences, comme en gare de triage un jour de grève sans préavis. Je ne supporte plus ces politiques qui racontent  à l’envi que « personne ne savait ». Qui refusent d’être jugés. Et qui font «tout leur possible pour juguler la crise ». Redoutant les lendemains de jugement dernier, les révoltes des jours d’après, l’odeur de fusible cramé et la graisse des guillotines. 
Soupé des crises intestines entre carabins. Des  querelles de chapelles grotesques. Levy versus Raoult. INSERM versus IHU. Savant de Marseille contre ignorants de Paris. OM contre PSG, « ici c’est ? Pariiiiis »! La Chloro-machine, ça fait 30 ans qu’il la prescrit, un mois qu’elle  sauverait ses patients, alors pourquoi diable on le retient ? Ridicule.  


Usé par les émissions « at home » de la cuisine confinée, au Hanouna de son canapé en triplex, comme des Intervilles de contrebande.
Je suis peut-être atteint par le confinement finalement. C’est même certain. En tout cas pour moi c’est terminé. Aujourd’hui j’ai pris ma décision. Elle est irrévocable. J’ai décidé de confiner ma télé.

Il faut lutter contre les mauvaises habitudes. Profiter de cette crise pour faire descendre les icônes médiatiques de leur piédestal en carton. Définitivement. Ce sera peut-être une des rares vertus du Covid-19. Dans les entreprises, quand on est mauvais on dégage. On peut vraiment se poser la question de savoir pourquoi c’est rarement le cas en politique et dans les médias. Pourquoi les idoles du fact checking comme Élise Lucet –  ces procureurs médiatiques habitués à instruire uniquement à charge –  ne prennent pas la peine de mettre bout-à-bout toutes leurs fausses affirmations et celles de leurs confrères ? Toutes les accusations sans fondement. Ça lui ferait peut-être du bien à « juge Elise » de faire amende honorable sur Bachelot ?



A Causeur, en cette fin du monde nous sommes encore plus nostalgiques que d’habitude.
Daoud Boughezala nous a gratifié d’une superbe chronique de Beau Père de Bertrand Blier, « un film comme on n’en fait plus », et Thomas Morales, fidèle à lui-même, se réjouit de la programmation télévisuelle qui, en ce temps de confinement, propose les comédies cultes du cinéma français. 
Ma quête quotidienne de films en replay m’a emmenée à revoir Guy d’Alex Lutz sorti en 2018.
 

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