Il n'y a pas de crimes passionnels par Philippe Bilger et à quel sein se vouer par Sophie de Menthon

 

Le crime passionnel est un genre criminel qui a toujours eu beaucoup de succès auprès des Français parce qu’ils y trouvent de quoi susciter leur indignation et stimuler, en même temps, leurs émotions.


Je ne suis pas sûr que le crime passionnel existe véritablement si on veut bien le définir par un meurtre ou un assassinat causé par le seul amour de la victime. Alors qu’en réalité le ressort fondamental en est l’amour de soi, la douleur d’être abandonné, l’humiliation d’être méprisé.

Dans le magazine du Parisien, un remarquable article de Vincent Gautronneau a projeté un sombre éclairage sur Jérôme Gaillard qui, dans des circonstances ayant impliqué des tiers, a assassiné, au mois de février 2021, Magali Blandin en proférant dans le cabinet du juge d’instruction cette phrase terrifiante d’égoïsme et de vérité crue : « J’aimais profondément ma femme. Le seul moyen de garder Magali, c’était de prendre sa vie ».

Étrange destin d’ailleurs, et signifiant, que celui de ce mis en examen s’étant par la suite suicidé en prison.

J’entends bien que par facilité on pourrait me rétorquer que tout crime, sortant de la froide catégorie des vols à main armée et des transgressions motivées par le seul lucre, est irrigué par la passion et que son auteur est forcément détaché de lui-même et de sa rationalité. Il me semble que ce serait s’écarter de la particularité de ces crimes prétendument inspirés par la perte d’un être qui ne serait pas soi mais en réalité motivés par le seul souci de soi.

Contrairement à ce qu’affirme Jérôme Gaillard pour donner un tour tragiquement noble à un amour à mort conclu par un crime, « il n’aimait pas profondément sa femme » mais banalement ne supportait pas qu’elle veuille le quitter en choisissant pourtant, pour résoudre cette intolérance, une solution extraordinaire : la tuer.

Jérôme Gaillard, prisonnier d’un conflit entre le soi honorable et le soi dévoyé et pervers, n’a pas su trouver d’autre issue que de se débarrasser sur Magali Blandin de son implacable dilemme.

Et il a qualifié son acte insensé et profondément égoïste de crime passionnel. Cela fait toujours mieux dans un cabinet d’instruction et plus tard face à une cour d’assises.

Mais celle-ci, avec les jurés qui sont revenus de cette apologie trop confortable, si complaisante à l’égard de l’auteur, si faussement apitoyée envers la victime, est de moins en moins dupe. Derrière le crime ils n’ont plus aucun mal à percevoir la passion de soi, derrière l’apparente sensibilité meurtrie, la perversion d’une malfaisance ne concevant pas que demeure vivant l’instrument de sa défaite humaine, saine et sauve la responsable de son extrême désillusion : n’être plus aimé et devoir s’accommoder de cela !

Dans ma carrière d’avocat général j’ai connu quelques affaires relevant de cet horrible registre mettant à mal définitivement autrui, parfois une famille.

Je ne cesse pas de m’interroger – alors que depuis onze ans j’ai quitté ce rôle d’avocat de tous les citoyens qui m’a comblé pour sa mission de compréhension et d’utilité sociale – sur ma curiosité jamais lassée pour les obscurités de l’âme humaine, les mystères de l’être. Le crime pousse au paroxysme ce qui gît en certains d’entre nous, il est un révélateur de ce que nous pourrions être, il nous fait entrevoir qu’il y a des voies interdites.

Puisque même les crimes passionnels n’en sont pas et se leurrent.

 

A QUEL SEIN SE VOUER

 

Pour les jeunes femmes, les tenues les plus aguichantes sont à la mode, mais l’idéologie féministe interdit aux hommes de les regarder. L’érotisme est obligatoire d’un côté, mais interdit de l’autre.


Nous vivons de contradictions aussi irréelles que dangereuses. Les (jeunes) femmes ne savent plus quoi ne pas mettre ou quoi ôter, quel bout de ventre dénuder, comment raccourcir encore plus une jupe qui sert déjà de ceinture, comment transformer les fesses en seins ? sachant que les prothèses existent… le tout stretché un max. Il faut quand même noter que l’on vend partout des fausses auréoles de sein pour rendre le pull-over plus torride. C’est la mode, on vous dit ! le « croc top » : une façon d’être en sous tif qui met l’estomac en danger mais apparemment ne craint pas les intempéries ni la baisse du chauffage. Être sexy tient chaud.

Sexy mais dessexuée

Mais attention, il est interdit aux hommes de sembler le moins du monde intéressés, le regard insistant pourrait même faire l’objet d’une amende ; bas les pattes, bien sûr, et seule la plus grande indifférence est tolérée. À quel sein se vouer ? Plus les femmes mettent leur corps à l’étalage, plus l’homme doit demeurer détaché. Ce serait quand même le comble qu’on ne puisse pas se déshabiller tranquille dans la rue, en classe, à la fac, dans le métro ou au bureau. « Mon corps m’appartient et je l’exhibe comme je veux, quand je veux, et où je veux … »

« Pudeur », qu’est-ce que ce terme réservé aux religieux extrémistes de tous bords ? La pudeur est vouée aux gémonies des féministes. La virginité n’a plus de sens et « se garder pour l’homme qu’on aime » est un vestige honteux du XIXème siècle et certainement pas au programme des cours d’éducation sexuelle, cette connotation moralisante est une discrimination, au même titre que les barbecues. Ces mêmes féministes qui ne veulent pas de différences sexuées et confondent avec passion domination, virilité et sexisme. Simultanément les plaintes se multiplient pour agressions en tous genres.

On ne veut pas être sexué ni catalogué, y compris dans les formulaires d’inscription des facs, et depuis que le genre est à bannir, les femmes n’ont jamais autant joué sur leur pouvoir de d’attraction sexuelle. Allez comprendre, un peu schizophrène non ?

Aucun droit de regard

Moi qui raisonne comme on ne raisonne plus, et qui me sent femme et lucide aimant les hommes et qu’ils me regardent, je me demande quand même si les décolletés plongeants jusqu’à l’abime ne sont pas là pour que des regards s’y plongent, bien que les intéressées (par quoi ?) prétendent le contraire. Tout cela fut parfaitement résumé par une très sympathique campagne d’affichage sur les bus pour de la lingerie il y a quelques années, et qui faisait dire à la superbe mannequin au soutien-gorge pigeonnant: « Regardez-moi dans les yeux, j’ai dit dans les yeux … ». On n’en est plus là, regarder droit dans les yeux est certainement passible de sanctions.

 

 

 

 

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