Sandrine et la tentation stasiste : la vie des autres et celle d'Adrien Quatennens en particulier par Olivier Jouis Il y a une petite panne de secteur” : Sandrine Rousseau rhabillée pour l’hiver par Joanna Wadel sur Gala

Exploitant un différend d’ordre privé, Sandrine Rousseau détruit la réputation du dauphin de Jean-Luc Mélenchon au risque de déstabiliser toute la coalition dont elle fait partie. Cette façon de s’immiscer dans la vie intime des autres rappelle les pires travers de l’Allemagne de l’Est communiste.

Mini-Mélenchon

Figure montante de LFI, Adrien Quatennens prend progressivement la lumière des plateaux des chaînes en continu et est régulièrement invité dans les matinales des radios. Coupe au carré, le regard perçant, la posture assurée et le verbe déterminé, l’ancien conseiller clientèle chez EDF se révèle progressivement un excellent débatteur, doté d’une colonne vertébrale politique robuste. Son assurance et ses convictions étayées, malgré sa relative jeunesse, détonnent parmi ses pairs de LFI, plus expérimentés mais au style plus emprunté. Ils se contentent souvent d’anôner et de répéter servilement ce-que-Jean-Luc-pense, le talent en moins. Nommé coordinateur du parti en 2019, c’est-à-dire successeur putatif de Mélenchon, il est réélu député du Nord en juin 2022. Il est l’avenir de LFI car adoubé par le chef. La formation d’extrême gauche sait identifier les jeunes talents, les coûver le temps nécessaire afin que les jeunes pousses éclosent au moment utile. Adrien Quatennens est fait de ce bois. 

Souverainiste de gauche, canal Chevènement, j’ai de nombreux et sérieux désaccords avec le parti de Jean Luc Mélenchon, principalement celui d’attiser et d’encourager les communautarismes de tous poils et les revendications victimaires les plus insensées. Néanmoins, l’honnêteté me pousse à admettre que l’on peut se retrouver sur des lignes telles que la défense de notre industrie ou sur l’Europe avec le refus de partager notre siège au Conseil de Sécurité, thèmes où l’Autre gauche semble avoir définitivement capitulé. Je sais donc faire la différence entre un adversaire politique, qu’il convient de combattre avec force et vigueur, et un ennemi. LFI est, pour moi, à ranger dans la première catégorie, l’adversité sans compromis n’étant pas incompatible avec une certaine forme de respect.

Pâle resucée bâclée du Programme Commun, version plus petit dénominateur commun, la NUPES réunit toutes les caractéristiques d’une improbable arche de Noé politique vouée à l’impasse. Issues de deals d’arrière-boutique conclus à la va-vite, entre l’élection présidentielle et les législatives, entre LFI et deux partis aux abois électoralement et financièrement, les investitures n’ont pas eu le temps de faire dans la dentelle électorale. Inévitablement, quelques Françoise et François Pignon, attirés par la gamelle, se sont invités dans ce dîner électoral, à fort relent de tambouille.

Parmi ces ingénus, l’inratable “écolo-féministe” (auto-désignée) Sandrine Rousseau, finaliste malheureuse de la primaire des Verts et sniper en chef du candidat désigné par son propre parti. Véritable cinquième colonne hors de contrôle, elle n’aura de cesse de plomber la campagne de Yannick Jadot qui ramait pour ramener un peu de rationalité et de laïcité dans son camp. Sentant l’opportunité d’affaiblir un peu plus la pièce rapportée écologiste en donnant une promotion à la dissidente, LFI s’empressa donc de valider la candidature de Sandrine Rousseau dans une circonscription parisienne en or, située en plein Boboland. Divisons pour mieux régner, pour LFI, elle sera la garantie que la zizanie règnera dans les rangs écolos, l’agent agitateur permanent qui les dynamitera de l’intérieur. Malheureusement, le calcul diabolique des insoumis se retournera contre ses initiateurs. L’idiote utile et illuminée n’aura pas la reconnaissance du ventre.

Pasionaria sans aucune discipline

Par la grâce d’une déposition qui aurait dû rester consignée dans l’enceinte d’un commissariat, un différend d’ordre privé, un divorce conflictuel, vient percuter la carrière prometteuse du député Quatennens. La main courante, qui relate une gifle, atterrit opportunément dans la boîte à lettres du Canard Enchaîné qui se fait immédiatement l’écho de l’incident. Malgré les protestations de la principale intéressée, la compagne du député, le contenu sera exploité sans vergogne par Sandrine Rousseau. La réputation du talentueux héritier de Mélenchon est carbonisée et son ascension dans l’appareil est stoppée net. Le chef même en est réduit au silence après qu’il a évoqué, un peu maladroitement et sans doute trop rapidement, la dignité de son protégé.

Avec ce nouveau fait d’arme dans sa besace, la nouvelle pasionaria des écolos parvient à alimenter le cirque médiatique pendant toute une semaine, alors que l’Ukraine est sous les bombes, que la Russie se crispe et qu’une crise énergétique sans précédent se profile. Jusqu’à présent, les radios et les télés se gaussaient des excentricités et des élucubrations de l’élue du 13e arrondissement de Paris. Les commentateurs riaient sous cape de ses multiples saillies verbales, au pire outrancières et, au mieux incongrues, sans que l’intéressée surtout ne se doute de rien, sur le format du fameux invité au dîner organisé par Thierry L’hermite.

Étrangère à la discipline de parti chez les Verts, elle n’allait pas moins se gêner à la NUPES et donner libre cours à son naturel de social justice warrior, professionnelle de l’indignation, débusqueuse de toutes les micro-offenses de la vie, recruteuse de toutes les victimes à libérer, même malgré elles. Avec un air de nonne pure et habitée par le combat pour le Bien, elle sacralise de façon quasi christique la parole des femmes: comme la terre à une autre époque, la femme, elle, ne ment pas. 

Aujourd’hui, elle assigne à résidence un bébé-Mélenchon en privant de parole l’un des insoumis parmi les plus redoutables, en l’inscrivant au registre des délinquants politiques. La droite devrait-elle se réjouir des déboires de leur adversaire? Mauvais calcul car demain, le petit Pol Pot de salon pourrait faire bien plus de dégâts, au-delà de son camp, en remettant au goût du jour l’ostracisme et les condamnations à la mort sociale. Au contraire, la droite devrait dénoncer cette nouvelle pratique de “politisation de l’intime” (Mathieu Bock-Côté) qui déshonore les élus de la République et le débat public. Alors que le politique c’est la Cité, c’est-à-dire l’interdiction de pénétrer dans les foyers, dans les familles et, bien sûr, dans les couples. Après Quatennens et ses problèmes conjugaux, qui sera la prochaine Bête Immonde? Qui sera marqué du sceau de l’infamie, condamné à la relégation? Si elle n’a aucun scrupule à tirer dans le dos du meilleur des siens, elle en aura encore moins à en sacrifier d’autres sur l’autel de la respectabilité politique ou de la simple dignité. 

Avec Sandrine Rousseau, on a désormais la preuve qu’il existe bien une extension du domaine de la lutte, c’est celui de la bêtise et ce n’est pas de bon augure: au-delà de l’excentricité rigolote de ses propos, plutôt révélateurs d’une fragilité mentale que d’une rigueur académique, on est en droit de s’inquiéter. Elle offre le visage immature du militant illuminé, au premier abord inoffensif. Mais, comme Poutine qui voulait aller “buter les terroristes tchétchènes jusque dans les chiottes”, elle n’hésitera pas à aller débusquer les comportements déviants jusque dans les lits. Avec son sourire d’amie qui nous veut du bien, elle est en train d’installer un désagréable climat de défiance, d’autocensure et d’inquisition moralisatrice. 

A vouloir fouiller dans la vie des autres, de préférence celle des hommes et des Blancs, elle représente un danger non seulement pour ses propres camarades, qu’elle n’hésite pas à clouer au pilori médiatique, mais aussi pour le débat politique de notre pays en général. Les Insoumis qui l’ont faite député doivent se mordre les doigts d’avoir promu cette gardienne (un peu trop) révolutionnaire. Ils doivent se dire qu’à trop surveiller la vie des autres, Sandrine Rousseau s’est trompée d’époque, de lieu et de milice. Sous la couverture de la pourfendeuse du patriarcat se dissimule, en réalité, un parfait agent de la Stasi qui s’ignore.

La députée parisienne a de nouveau été la cible de critiques virulentes ce dimanche 20 novembre. C’est cette fois l’humoriste et chansonnier Jacques Mailhot qui a violemment chargé Sandrine Rousseau sur le plateau de Vivement dimanche

Dépréciée par une grande partie de la classe politique, Sandrine Rousseau n’est pas plus en odeur de sainteté chez certains artistes. Ce dimanche 20 novembre, la députée parisienne s’est trouvé un nouveau détracteur en la personne de Jacques Mailhot. Le chansonnier à l’humour piquant, qui a notamment officié dans Les Grosses Têtes de Philippe Bouvard sur RTL, était ce 20 novembre sur le plateau de Vivement dimanche, pour présenter son livre Sourire(s) en coin : Mémoires d'un chansonnier. L’occasion pour l’humoriste de croquer quelques portraits de personnalités qui font l’actualité, dont Sandrine Rousseau.

« C’est une pépite ! », a d’abord assuré Jacques Mailhot, avant de se moquer allègrement de la militante écologiste. « Tous mes aînés n’ont pas eu cet avantage là d’avoir un tel phénomène. […] C’est comme un distributeur automatique, même quand on ne met pas la pièce dans la fente, elle continue à distribuer ses conneries », a-t-il ensuite lancé sous les rires du public. Et Michel Drucker de rappeler la faute de frappe faite par Sandrine Rousseau le jour de la mort de Jean-Paul Belmondo, qu’elle avait nommé « Jean-Pierre », dans un tweet qui a suscité une vague de railleries et d’indignation. Jacques Mailhot a poursuivi sa diatribe en s’attaquant au nom de famille de l’élue : « Quand on voit Sandrine, on se dit que dans la famille Rousseau il y a une forte évolution. […] Avec Jean-Jacques [Rousseau, le philosophe, ndlr], on avait de la lumière. Avec Sandrine, il y a une petite panne de secteur », a-t-il encore ajouté.

Sandrine Rousseau, cible de choix

Outre les piques humoristiques du chansonnier, Sandrine Rousseau s’est attiré les foudres d’autres personnalités. Début octobre, c’est l’animateur Bernard Montiel qui ne retenait pas ses coups à l’égard de la femme politique : « C’est la pire », a ainsi déclaré le chroniqueur de Touche pas à mon poste, estimant que l’ancienne porte-parole d’Europe Écologie Les Verts constitue le meilleur exemple de la déchéance de la classe politique actuelle. Fin octobre, ce sont cette fois les élus écologistes qui s’en étaient pris à l’écoféministe, lui reprochant de « dire de la merde » et de critiquer l’inaction de Yannick Jadot sans avoir fait pour autant « ‘actions militantes de terrain’ en première langue ». Une chorale de critiques auxquelles le journal satirique Charlie Hebdo avait pris part dès septembre, en caricaturant Sandrine Rousseau dans un dessin qui avait indigné nombre d’internautes, dont la principale intéressée qui avait alors qualifié l’hebdomadaire de « torchon ». Une atmosphère qui ne risque visiblement pas de s'apaiser.

 

 

 

 

 

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